Masterclass avec et par Le Turk
Techniques de fabrication de décors, entre autres…
Techniques de fabrication de décors, entre autres…
Si vous ne connaissez pas Le Turk, aka Sébastien Salamand, je ne peux que vous inviter à aller contempler le travail de ce photographe de génie. Evidemment, son style et ses univers ne plairont pas à tout le monde. Il faut dire que quand il revisite une thématique – le cirque, les empires déchus, la religion, le cabaret, etc. – il ne fait pas dans la demi-mesure. Mises en scène baroques avec multiplicité des références et clins d’oeil, corps dénudés, poses dramatiques mais situations comiques, maquillages picturaux… il faut s’attarder sur ses images pour comprendre et réaliser ce que le Turk donne à voir. Surtout quand – et c’est souvent le cas – ses œuvres tiennent plus de la fresque monumentale que de la simple photo.
Qu’on apprécie ou pas les images de Sébastien Salamand, une chose est sûre : sa singularité créative, la qualité de ses réalisations et notamment des décors sont hallucinantes. Car oui, Le Turk part de croquis, puis il donne vie à toutes ses inspirations avec ses petites mains, du bois, du carton, du polystyrène, de la peinture, de la patine, du temps, de l’amour et beaucoup de talent.
Vous vous imaginez un artiste perché qui vit dans sa bulle ? Non, le Turk est parfaitement ancré au réel. Ouvert et altruiste, il adore transmettre. Chose qu’il fait merveilleusement bien en organisant des masterclass dont on ne ressort jamais tout à fait le même. J’ai passé deux jours dans le tout nouvel atelier de l’artiste Sébastien, à le Controis-en-Sologne (vers Cheverny).
Image en fin de masterclass, avec une Alice songeuse, incarnée par la ravissante Laura.
Tout commence un samedi matin de bonne heure, dans la zone d’activité fraîchement sortie de terre à Le Controis-en-Sologne. Je découvre avant les huit autres « élèves » de cette masterclass le studio / atelier flambant neuf du Turk, floqué d’une enseigne à son nom. Avec l’excitation d’un gamin qui mettrait les pieds à Disneyland pour la première fois, je fais la connaissance, chaleureuse, de Sébastien. Café en main et clope en bouche, je pénètre dans son antre. Je reste coi en découvrant le terrain de jeu du weekend : un décor féérique d’Alice au Pays des Merveilles. Avec un arbre mi toonesque, mi réaliste (et 100% impressionnant) au centre, une Buick rutilante des années 50, une imposante porte voutée, des rochers, des fleurs, une table, des gâteaux destroy, un sol en damier… Pour n’importe quel photographe, il y avait déjà bien assez de matière pour shooter pendant des heures. Mais pas pour Sébastien…
Atelier du Turk et décor Alice Au Pays des Merveilles, revisité…
Le principe de la masterclass, c’est de nous transmettre ses techniques pour nous rendre autonomes dans la fabrication de nouveaux accessoires. On apprend, le décor s’enrichit : tout le monde est gagnant. Après une séquence théorique généraliste mais tout de même axée sur le développement de la créativité, la formation embraye rapidement sur la pratique.
Et d’abord l’observation. De plus près, je réalise qu’une bonne partie de cette scénographie qui m’a émerveillé au premier regard est faite de polystyrène. Oui, ce matériau tout sauf noble est ici consacré roi. L’arbre au centre par exemple. Sorti des quelques branches empruntées à la forêt et de la structure porteuse en bois côté envers, tout est en poly. C’est que cette matière première présente des avantages de taille pour la fabrication de décors : facile à sculpter, poncer, coller, peindre, le poly est léger et peu coûteux (surtout si on fait un peu de récup).
Bref, on liste collectivement des accessoires qu’on pourrait faire tous ensemble et ajouter au besoin à la scénographie et on attaque en binôme. Mon partenaire de masterclass sera Brian. Nos objectifs : fabriquer une pompe à essence des années 50 (qui va vite devenir une pompe à thé) et une tasse à thé géante (nos idées, donc). Munis d’un pistolet à colle et de cutters, on façonne le polystyrène, on ajoute quelques morceaux de carton, un tuyau d’arrosage, pas mal de système D… Nos objets prennent forme. Mais pour leur donner vie, il faut de la peinture et plus important encore, la patine du maître à la bombe.
Fabrication de la pompe à thé et de la tasse qui va avec…
Dans ces deux journées bien remplies, nous devions finir de fabriquer nos éléments de décor afin de nous libérer à chacun des créneaux pour prendre des photos. Climax du workshop en quelques sorte, où Laura (la compagne de Sébastien) jouait Alice et chacun des huit élèves pilotait à tour de rôle son propre shooting. Avec sa mise en scène, sa direction, ses choix d’accessoires et de lumières, etc. Vous trouverez dessous les images que j’ai faites sur ma session (les 5 premières), puis pendant les sessions des autres.
Un grand merci à Sébastien pour son sens de l’accueil, de la transmission et du partage. Le camarade lyonnais te salue ! Merci à Laura, évidemment, pour son implication et sa patience. Merci à tous ceux qui ont participé, comme moi, dans la bonne humeur, à cette masterclass parfaite ! Il n’y a plus qu’à…
Edit du 31/01/23 : après pas mal de maturation d’idées, j’ai fini par produire ma propre création, nourrie par les enseignements du Turk. Une première série d’images sur la thématique de l’aliénation.
Vous pouvez aussi m’appeler au 06 62 555 963