Portraits aux Puces du Canal
Brocs et bric-à-brac
Brocs et bric-à-brac
Je ne me rappelle plus de la genèse exacte du projet, mais parfaitement de cette soirée improbable qui l’a relancé. Février 2020, un resto avec un ami, dans un lieu si convivial qu’on finit par taper dans l’assiette du voisin. J’ai fait la connaissance de Jacques Druard, antiquaire aux Puces du Canal.
Je lui parle alors de mon envie de faire des portraits de brocanteurs – les brocs, comme ils s’appellent entre eux – il accepte. Plus par politesse qu’autre chose, mais ça me suffit : les coordonnées sont échangées, le mouvement lancé. Mais pas bien loin, cet élan étant stoppé net par la pandémie…
Après deux années de faille temporelle, je rappelle Jacques. Il se souvient de moi, mais m’annonce qu’il a quitté les puces. A la retraite, il chinait par passion. Et sa boutique a baissé le rideau pour de bon. Néanmoins, il me recommande Martine, un personnage des puces. Martine répond présente, elle me dit qu’elle va m’aider. Le projet démarre, vraiment.
Les puces, j’avais l’habitude de les faire à Clermont-Ferrand le dimanche matin, il y a une vingtaine d’année. Pas spécialement pour chiner, surtout pour flâner. J’ai toujours été fasciné par la diversité des objets proposés, plus encore par leur caractère parfois improbable. A chaque stand son nouveau lot de questions. Et un plongeon dans des temps passés, plus au moins reculés, souvent inconnus. Mais à cette époque, les puces c’était quatre allées de bric-à-brac sur des planches ou à même le sol, sur le parking des Salins. Pas très glam.
Les Puces du Canal, c’est un véritable lieu dédié à la brocante et à l’antiquité, avec des bâtiments en dur, une ambiance chaleureuse, un état d’esprit. J’allais même dire une âme, portée par ses nombreux marchands*, parfois très différents mais qui ont tous en commun la passion de la brocante. Certains en vivent, d’autres font ça en plus d’un autre job, tandis que d’autres encore meublent leur retraite.
Mon projet : tirer des portraits de brocs. Parce qu’ils ont souvent des looks bien typés et des caractères bien trempés. Une photogénie renforcée par les univers de leurs boutiques respectives. Des visages, oui, mais aussi des figures. Parce qu’une image n’est rien sans sa légende. Et des légendes aux Puces du Canal, il y en a ! Raconter d’où viennent les personnes, pourquoi elles ont choisi de devenir broc. Comprendre un peu de leur monde, en tout cas ce qu’elles acceptent d’en dévoiler.
* 200 boutiques et 400 places de déballage, officiellement.
La Halle Louis la Brocante, là où j’ai passé le plus clair de mon temps. Les Puces du Canal sont découpées en quatre zones : les Traboules, grand hangar historique qui accueille les antiquaires ; cette Halle pour moi l’essence même de la brocante ; le Village des Containers, zone avec une approche plus à la mode, faite de concept stores, de vintage, d’indus, d’objet retapés, etc. et l’Ecole, juste à côté des containers et dans le même esprit. Et tous les espaces autour de ces trois zones sont dédiés au déballage en extérieur, avec notamment des particuliers.
Sa boutique pleine de poignées m’a intrigué. Et l’œil malicieux du bonhomme aussi. Bruno est installé aux Puces du Canal depuis 23 ans, c’est-à-dire quasiment depuis le début (les PDC ont été créées en 1995). Mais ça n’empêche pas ce stéphanois d’avoir eu de multiples vies avant. Au départ, Bruno a fait les beaux arts pour devenir sculpteur. Et il sculpte toujours aujourd’hui sur ses heures perdues. Puis il a enchaîné : professeur pendant 3 mois, art thérapeute, menuisier dans la marine sur une jonque chinoise (il a passé 1 an et demi sur des bateaux), père au foyer (« un de mes métiers les plus durs » confesse-t-il)…
Après quoi il s’est mis à retaper des appartements, notamment à assurer les phases de finition où le bon accessoire change tout. Des luminaires, des poignées et des articles de quincaillerie, il en a acheté tellement qu’il a dû se mettre à revendre. Il n’y connaissait rien, mais comme beaucoup d’autres, il s’est formé sur le terrain. Une fois, je suis retourné le voir et il m’a dit : « j’ai repensé à comment tu pourrais décrire mes débuts. En disant que je suis rentré par la petite porte ». Espiègle pour un spécialiste de la poignée ! Merci à toi l’artiste ;)
S’il est des boutiques où l’on peine parfois à comprendre le fil conducteur, chez Michel c’est clair. Ou plutôt lumineux. Ce brocanteur aux origines italo-flamandes fait dans le lustre, le luminaire, en suspension ou sur pied. Et également dans la verrerie. Pénétrer dans son antre de cristal, où se côtoient XIXe siècle, art déco, 70’s ou encore Murano, est une expérience en soi. On s’imagine à Versailles, dans un conte des Milles et unes Nuits, ou encore un palais vénitien. Tout est authentique ici, vous ne trouverez pas de reproductions. Comment on en vient à se spécialiser de la sorte ?
Michel, d’un naturel plutôt réservé – en tout cas devant l’objectif – est un passionné. Comme beaucoup de ceux que j’ai rencontrés sur les Puces du Canal. Et pour cause, ce goût pour les antiquités, il l’a développé gamin déjà. Après deux ou trois jobs initiatiques, les puces se sont imposées à lui. Il a appris sur le tas, dans les livres et les salles des ventes. Il venait déjà aux puces de la Feyssine les dimanches, avant la création des Puces du Canal il y a 27 ans de ça. Allez donc rendre visite à Michel : s’il n’a pas la gouaille typique des gens du milieu, dans son domaine il est intarissable.
Ex « Ni Puces, ni Soumises », désormais « La Puce à Frange », pareils slogans égayent l’instant et titillent la curiosité. Me voilà guidé vers la tôlière. Née à Lyon – avec des origines italiennes – et fraîchement installée aux Puces du Canal, la rayonnante Margaux s’est aménagé un bien joli box. Son dada : les années 70, époque qu’elle n’a pas connue du haut de ses 33 ans mais qu’elle a toujours adorée. Mobilier, objets fonctionnels – comme le projecteur super 8 avec lequel elle pose – et décoratifs, couleurs des seventies (notamment le orange qu’elle affectionne) : pas de doute sur la thématique.
Le parcours de Margaux ? Formée aux métiers de la mode, option vêtement de peau, elle a été couturière cuir, plus précisément sellière maroquinière, chez Hermès pendant 2 ans. Puis au moment de convertir ses CDD en CDI, elle a refusé le poste pour devenir sa propre patronne. Il faut du courage, « des ovaires » comme elle dit en se marrant. Margaux savait qu’elle pouvait compter sur son réseau d’anges gardiens des puces, et aussi sur son histoire. Avec un grand-père antiquaire et restaurateur de meubles, et une grande tante Rita qui vendait des cannes aux Puces du Canal, Margaux a baigné dans le milieu depuis toute petite. Comme un poisson dans l’eau.
Sa vie se raconte au pluriel. Il s’est épris d’aviation (ancien pilote), de photo animalière, de piano, d’informatique (il avait lui même programmé le logiciel de gestion de son entreprise), il a parcouru le chemin de Saint Jacques de Compostelle, a écrit son expérience dans le livre « Drôle de pèlerin ! », il est monté à Paris puis Bruxelles avec le Convoi de la Liberté… Difficile de ne pas trouver un sujet de conversation avec Jean-Marc ! Et devinez quoi, la brocante n’est pas son métier. Non, Jean-Marc est à la retraite, après une carrière comme peintre décorateur. Chiner n’est qu’une passion parmi tellement d’autres. « J’ai 72 ans mais dans ma tête, j’en ai 25 ».
Béret vissé sur la tête, pour plaire aux touristes étrangers qui viennent nombreux arpenter les allées des puces, Jean-Marc se laisse photographier comme s’il faisait partie des meubles. En parlant de mobilier, son crédo ce sont les choses naturelles, qui ont « la trace de leurs vies » et qui durent dans le temps. Il décape à la potasse, pour ne pas altérer l’aspect du bois, et cire. Pas de ponçage, sauf nécessité absolue. Et c’est vrai qu’ils donnent envie ses meubles : épurés, authentiques et modernes à la fois.
Il s’est installé avec sa fille, architecte d’intérieur (container d’à côté), il y a 7 ou 8 ans, motivés par l’ambiance sympa aux puces du canal. Au fil d’une conversation, il m’a confié que son totem c’était le bernic, ces crustacés en forme de chapeau accrochés aux rochers de la Pointe-du-Raz. Pourquoi ? « C’est le seul animal qui reste après une tempête ». Et philosophe avec ça !
Un jeudi matin, après avoir essuyé plusieurs refus, j’ai commencé à sérieusement douter de mon projet. Puis j’ai rencontré Laurence, Lolo comme tout le monde l’appelle là-bas. Et Lolo, les « gens qui doutent », elle les aide. Elle m’a livré son histoire et ouvert la porte de sa « petite famille » de brocanteurs. Ancienne Responsable France de la Corep (imprimerie numérique), elle est passée par un burnout, mais y travaille toujours à un poste moins exigeant. Ce qui lui permet de se libérer du temps pour les puces. Elle s’est installée en août 2021, dans la tôle 13 qu’elle partage avec Margaux (voir plus haut). Mais son goût pour la brocante ne date pas d’hier.
Ses parents, bien que « grands bourgeois », adoraient chiner. Aussi Laurence a baigné dans l’univers des puces depuis toute petite, et dans celui des Puces du Canal plus précisément depuis 25 ans. Fouiller et chiner, ça se transmet, « comme le goût pour la chanson française ». Elle fait de la récup dans des dépotoirs, elle retape ses meubles et ce qu’on voit dans sa boutique, c’est rien à côté de ce qu’elle a chez elle. « Ma maison c’est une brocante, mon musée perso ». Sur son stand, beaucoup de chose. Un style baroque, dont elle précise que « c’est le mélange qui fait que c’est beau ». Lolo passionnée et sentimentale : elle tient à ses objets, à l’histoire qu’ils portent, aussi elle ne les vend pas à n’importe qui. Du cœur à l’ouvrage… et à l’œuvre.
Coin-Coin, tout le monde le connait ici. Il faut dire que c’est pas banal comme blaze. Mais le bonhomme est tout aussi singulier. Grenoblois de naissance, issu d’une famille de broc, Coin-Coin déballait déjà à l’âge de 8 ans ! Oui, ça fait 50 ans qu’il baigne dedans. Il a attaqué à Lyon en 1982, d’abord sur d’autres places de la brocante (Vaise, St Fons, Oullins, Laurent Bonnevay et Feyssine), puis il est installé aux Puces du Canal il y a 20 ans.
A la différence de la plupart de ceux que j’ai rencontrés, la brocante pour Coin-Coin n’est pas un passe-temps ou une activité secondaire. Non, c’est son vrai métier, sa seule ressource. « J’ai que ça, je vis que de ça » me confie-t-il sur un ton sérieux qui dénote d’un coup avec sa gouaille joyeuse. Il doit aller au plus près de la source, récupérer les choses les moins chères possible, et si c’est gratuit c’est encore mieux.
Au fil de notre discussion, moi qui imaginais tous les brocs passionnés, je perçois davantage chez Coin-Coin quelqu’un qui besogne pour assurer sa subsistance, en faisant ce qu’il a toujours su faire. Il m’a demandé de taire certaines confidences. Je dirai simplement que Coin-Coin est une personne touchante et digne. Allez, ça il m’a autorisé à l’écrire : Vous savez quelle est la différence entre un brocanteur et un antiquaire ? Un zéro derrière. Et comment on reconnait un broc dans un cimetière ? C’est le seul qui déborde dans l’allée.
Edit 15/02/24 : Francky s’est éteint le 26 janvier 2024, à l’âge de 68 ans. Sois en paix et merci pour cet échange, rapide mais sincère.
9h30 du matin, il allume probablement déjà sa 10e clope. Je pense que j’ai fait sa connaissance trop tard. Trop tard dans la journée parce que comme le dit Lolo qui me le présente « à 9h, le bistrot a déjà attaqué le service ». Elle me décode le personnage, je vois bien qu’il est adorable, qu’il a plein de choses à dire mais que je vais devoir me concentrer pour décrypter ses paroles. Alors je tends l’oreille. J’ai compris qu’il avait 67 ans et des origines italiennes. Un ancien boxeur, comme sa famille installée à Saint Etienne. Parmi ses précédents métiers (tourneur, fraiseur, etc.), ce qui le relie aux Puces, c’est qu’il était un numismate connu et respecté. Et accessoirement qu’il vit aux Puces du Canal, dans une maison jouxtant le parking.
S’il n’est pas à la buvette, vous le trouverez sur un stand ouvert (donc sans numéro attitré), à vendre des choses que les uns et les autres lui passent. Toute le monde le connait le Frankie, et tout le monde l’aime. « Mon meilleur ami des puces », « Frankie, il a rien mais il donne tout », j’en passe et des meilleures. Je l’ai aussi connu trop tard dans sa vie, certainement… Mais les apparences sont trompeuses. Si le gaillard semble usé, il garde tous ses esprits pour écrire. « Un poète sur nappe » dont les pensées ont même été autopubliées par Laurence dans un recueil. Il m’en sort un de sa poche :
« Quand une grande envie
lourde comme un couvercle
vient remémorer vos ennuis
et recouvre le peu qui vous encercle
vous croyez partir dans les oublis
Plus que rien et rien
rien ne vaut la peine de rien »
Henry sait déjà qu’il finira sa vie de l’autre côté de l’Atlantique. Là où il est né, en Colombie. Là où il a découvert « l’upcycling » (le surcyclage), à Los Angeles durant son parcours professionnel. Mais après son adoption à l’âge de 18 mois, son pays c’est devenu la France. Et les Puces du Canal, sa bouffée d’oxygène depuis 2 ans. Comme d’autres que j’ai croisés, Henry est archi d’intérieur et broc. Un tandem de sens, auquel il a ajouté une troisième roue, avec sa marque déposée de vêtements et bijoux, à son nom. Un touche à tout.
Il chine un peu partout pendant les jours de fermeture, fais les poubelles, retape, repeint, modifie et redonne de l’intérêt à des objets abandonnés. Comme une résonnance. Sa boutique est atypique sur les puces. Peps et colorée, c’est à la fois un parti pris parce que Henry est gay, mais aussi un clin d’oeil appuyé à la culture chamarrée mexicaine et sud-américaine. Aux couleurs bariolées s’ajoute cette exubérance créé par l’accumulation d’objets hétéroclites. « Je sais tout ce que j’ai ici et où ça se trouve. Il n’y que des choses que j’aime ». Le fil conducteur, c’est sa façon de relier les continents.
Restons dans les parages, un peu plus au nord dans les Caraïbes. C’est à la Havane qu’est née Diana. Là qu’elle a commencé des études en électro-énergétique. Et si elle a quitté son pays précipitamment à l’âge de 18 ans, Diana a emporté un peu de son Cuba natal aux Puces du Canal. Côté pile, une boutique généraliste classique, spécialisée dans les XVIIIe et XIXe : tableaux, objets de collection, bougeoirs, objets de curiosité, religieux, mobilier. Côté face, une terrasse et une façade à la fois colorée et défraichie où les origines de la souriante Diana ressurgissent. C’est un cheminement dans la vente qui l’a amenée ici.
Dans les années 2000, elle a commencé comme vendeuse à Part Dieu. Licenciée, elle se forme via la CCI dans le domaine de l’ameublement et la décoration. Puis elle va enchaîner deux expériences fondatrices, au dépôt vente de Troc de L’Ile puis dans son pendant luxueux « des quartiers chics », Passé Entreposé. Elle va faire la connaissance de pas mal de gens des puces, apprendre à évaluer le prix des choses, se former aux antiquités et au commerce. En 2009, elle fait son entrée aux Puces du Canal, avec un associé, dont elle prendra finalement ses distances pour avoir sa propre boutique, le Color Havana. Les Puces du Canal pour Diana, c’est une histoire d’amour. Elle aime sa liberté de faire ce qu’elle veut, d’être dehors, de voir des gens, d’apprendre des choses. Un art de vie.
A 30 ans, Juliette a bouclé la boucle. Elle se revoit arpenter les allées des puces, un « cabinet des curiosités », avec son père depuis qu’elle est toute petite. Probablement vers l’âge de 10 ans. Et comme la passion de la brocante se transmet, elle se retrouve désormais de l’autre côté de la barrière. Juliette est aussi architecte d’intérieur. Après ses études, elle a été salariée d’une boîte de rénovation en Haute Savoie pendant 5 ans, puis elle a eu besoin de prendre du recul. Envie de revenir à l’essentiel, de vivre à l’extérieur, de voir des gens. Un pas de côté qui guide souvent vers l’indépendance. Juliette a fait le grand plongeon seule, en 2020. C’est maintenant avec son compagnon Sonny qu’elle tient sa boutique.
Woodson est à l’image du quartier « l’Ecole » des puces du canal : pas de bric-à-brac ici, mais de la mise en scène pour aider le chaland à se projeter. Au lieu de simplement montrer un meuble, Juliette créé une ambiance, suggère une déco, inspire un usage. On n’a pas l’impression de rentrer dans une boutique mais chez Juliette et Sonny. Indiscutablement, la patte de l’archi d’intérieur est à l’œuvre. Son univers mélange la chaleur de matières naturelles comme le bois ou le lin et la rudesse « indus » du métal. Juliette et Sonny chinent, retapent, peignent, poncent, « magnifient le caractère » des objets qu’ils ressuscitent. Un « esprit de campagne, simpliste mais qui a de la gueule ». Boucler la boucle n’est pas un achèvement, c’est un point de départ.
Après une série de 10 portraits et davantage de rencontres encore, j’ai noué des liens. A défaut de toujours apprécier mon appareil photo, les brocs aiment le contact. C’est même pour beaucoup une des raisons qui les ont amenés dans cette voie. L’envie d’être dehors et de voir des gens. Aspirer à plus de liberté ne traduit en aucun cas un besoin de solitude. Ici tout le monde connait tout le monde, de près ou de loin. Ça cause et moi je ne suis pas taiseux.
Les puces, une grande famille ? D’une certaine façon, oui. Déjà, c’est un milieu qui affiche une belle mixité. Ensuite ce lieu vivant, cette grande maison de la brocante, confère une identité commune forte, une appartenance qui fédère les différences. Certes, la vie n’est pas toujours un long canal tranquille. Entre commerçants, antiquaires d’un côté et brocanteurs de l’autre, entre ceux qui font ça pour vivre et ceux qui complètent un autre job, il y a de la concurrence, parfois des rivalités voire des jalousies. Comme dans une famille. Mais les affinités variables s’effaceront toujours dans l’adversité : quoi qu’il advienne, on se respecte et on s’entraide.
La brocante c’est aussi une histoire de transmission. Ou plutôt une transmission d’histoire. A travers les objets qui s’échangent et à travers la filiation. Le goût pour l’ancien, le plaisir de chiner, de restaurer, de donner une nouvelle vie à des choses que tout semblait condamner, tout cela se cultive et se passe de génération en génération, souvent dès le berceau.
Je repense encore une fois au mot passion, celui qui revient le plus souvent dans mon carnet de notes. Passion pour des époques (Renaissance, XVIII-XIXe, 70’s, art déco, etc.), passion pour un style d’objet, mais aussi passion pour un mode de vie qui concilie l’utile à l’agréable.
Il en découle une certaine fierté. Pas du genre mal placée, non. Mais une satisfaction modeste de s’être construit seul, sur le tas, et d’avoir inscrit cette réussite dans la durée. L’ancienneté frôle parfois la mise abyme, comme si le broc devenait l’antiquité au milieu des antiquités.
Je précise que ceci n’est que mon ressenti, forgé d’après mes rencontres faites aux Puces du Canal. Et si l’expérience m’a marquée, elle reste bien modeste au vu de toutes les personnes que je n’ai pas rencontrées. Peut-être qu’il y en aura d’autres… Je l’espère en tout cas !
Un grand merci à tous ceux qui ont joué le jeu, Lolo, Jean-Marc, Margaux, Coin-Coin, Juliette, Frankie, Bruno, Diana, Henry et Michel. Plus que jouer le jeu, ils ont accepté de se livrer, de partager un petit bout de leur monde et de me confier leur image. Merci à Jacques Druard, qui m’a permis de rencontrer Martine, et à Martine qui m’a aidé à démarrer le projet. Et merci à Alain, cofondateur des Puces du Canal, qui m’a raconté des anecdotes sur les origines de ce lieu unique.
Vous pouvez aussi m’appeler au 06 62 555 963